« La Grande Classification des Mutations, Chapitre Spécial : Les Inclassables

Les majorités n’existent qu’en présence d’exceptions, c’est une loi immuable de tout système dont les composants se doivent de partager un panel de similitudes communes afin de permettre le bon fonctionnement de quasi-toutes leurs interactions. Au vu des dernières évolutions métaboliques observées ces dernières décennies, il apparaîtrait approprié de qualifier les porteurs d’une telle évolution, au vu de leurs nombres, d’exceptions. Pour le moment du moins, car si dans un futur relativement lointain, la tendance s’inversait, alors l’actuelle majorité séculaire deviendrait exception.
Mais cette question, quoique fort intéressante, n’est pas l’objet de cette section. Non, il ne s’agit pas ici de traiter des simples exceptions, mais des exceptions parmi les exceptions. Ces données ponctuelles en électrons libres qui ne semblent avoir d’atomes crochus avec personne, surgies de leur obscurantisme biologique à l’instar des éclats de verre froids d’une bouteille venant de se briser ; ils sont là, à terre, impossible à manquer, mais l’appréhension prudente face à leur potentielle dangerosité inhibe toute initiative casuelle visant à les approcher. Et on reste là de longues minutes à les observer, sans avoir la moindre idée de l’angle sous lequel les aborder.

Un tel comportement se retrouve aussi bien chez la majorité que chez les exceptions, lesquelles se retrouvent de ce fait à intégrer cette première notion. Les exceptions parmi les exceptions reçoivent de ce fait le titre « d’inclassables », et c’est ainsi que nous les nommerons tout au long de cette présentation.

1. Immunités et neutralisations

L’Histoire, les légendes et les mythes font tous état de personnages et de créatures présentant des particularités biologiques leur permettant soit une immunité complète face à certaines substances, soit une résistance extrêmement accrue auxdits composants. Citons pour l’exemple Mithridate, roi de l’Antiquité absolument insensible aux diverses substances empoisonnées ou frelatées. Au niveau métabolique également, certaines anomalies –pour la plupart génétiques- présentent la particularité de supprimer certaines caractéristiques biologiques pourvoyant ainsi le sujet d’une tare dont il n’a généralement pas conscience et dont il ne peut se défaire ; citons ici l’asymbolie, ou « syndrome de l’homme sans douleur ».
Dans ces deux cas, l’immunité est ce qu’on pourrait appeler « passive », car elle ne concerne que l’individu atteint de manière intrinsèque : c’est un moyen défensif classique n’entrant en action qu’après le début de l’attaque ; en d’autres termes, il faut qu’il y ait une offensive extérieure au système et qui tenterait de l’atteindre. L’individu n’a aucune emprise sur ce genre d’immunité, elle est constamment là et s’active d’elle-même sans qu’il ait à s’en soucier.

Parlons à présent du second type d’immunité, bien plus rare et complexe, que nous appellerons « immunité active » : à vrai dire, ce type d’immunité peut présenter deux cas de figures différents. Dans un premier temps, il y a le scénario présentant les mêmes intrigues qu’une immunité passive, à la différence près que cette fois la volonté de l’individu entre en jeu : il peut décider de manière ponctuelle son état d’immunisé.
Puis dans un second temps, vient le scénario approchant l’idée principale de manière complètement revue, à la fois fidèle aux points initiaux et visiblement divergente des processus classiques ; il s’agit d’une immunité purement active, ne touchant pas que son porteur mais également ceux à sa proximité.
Enfin vient une troisième catégorie d’immunité, la fameuse « exception parmi les exceptions », ou dite « inclassable » : l’immunité offensive, ou « neutralisation ».
Dans ce cas-là, le sujet ne dispose pas d’une simple immunité qu’il peut communiquer temporairement à autrui. Plutôt loin de là en réalité. Certes, sa capacité le rend invulnérable aux offensives extérieures, mais pas parce qu’il dispose métaboliquement d’une pareille défense : il inhibe totalement les facteurs offensifs extérieurs. Avant même qu’ils ne puissent se mettre en marche. Ils sont simplement et proprement neutralisés. Pas détruits ni supprimés, juste incapables de s’activer.
Un individu possédant un tel don semble avoir un avantage certain face à ceux qui, comme lui, sont affectés d’une caractéristique hors du commun, car disposant à sa guise du pouvoir de les reléguer au rang de simple humain parfois par sa seule présence. Il est évident qu’aux yeux de ses congénères, il apparaîtrait soit comme un antidote, une panacée providentielle pour ceux considérant leur mutation comme difficile à vivre, soit comme une menace, un poison létal de tout premier ordre suscitant inimitié et hostilité au sein des plus fiers et confiants de leur sort. Du point de vue des humains, sans doute serait-il accepté comme l’un des leurs, sa capacité ne se révélant au final jamais en leur compagnie, le rendant donc « normal ». Autrement dit, il ne serait un mutant que parmi les mutants.
Ou encore, comme déjà dit au préalable : une exception parmi les exceptions.
Un Inclassable. »



-Premières Impressions

Le sujet ne présente aucune caractéristique physique exceptionnellement remarquable, ce qui pour sa profession ne peut constituer qu’un avantage. Toutefois, afin de respecter au mieux l’éthique procédurière du service, je tâcherais de rendre mes observations aussi fidèles à la réalité que ma perception limitée et fondamentalement biaisée d’être humain me le permet.
L’individu donc n’a rien de ce que l’on pourrait appeler une apparence des plus marginales : de type caucasien, sa peau arbore la pâleur européenne si typique de nos contrées tempérées, quoique le climat traditionnellement pluvieux en nos régions n’a visiblement pas permis à la mélanine de notre homme d’effectuer une pigmentation autre que tendant à l’inexistence. A comprendre en ce sens que l’Agent 000 n’est pas même gratifié de la moindre teinte rosée. Sur un plan plus métaphorique, je m’avancerais presque à qualifier pareille uniformité chromatique d’aplat dermique ; les tons changent uniquement sous le couvert des ombres ou des variations de luminosité. La texture de la peau elle-même présente les stigmates évidents d’une vie agitée : brûlures et cicatrices déchirent brutalement son grain initialement lisse à de très nombreux endroits de son anatomie, localisées cependant pour leur majorité sur le torse du sujet. Elles se découpent en de longues estafilades noirâtres dispersées sur une surface d’une superficie alarmante, donc résultant très probablement des dommages causés par une explosion à proximité. Le creux anatomique entre les clavicules est encombré d’un contour dermique artificiellement coloré, ou tatouage en langue profane. Ledit chiasme, de par sa taille et sa couleur verte, passe difficilement inaperçu, sa forme suggérant vaguement un de ces symboles aux diverses polysémies dont s’abreuvent les contrées orientales.

[Note : le sujet devrait également arborer quelque nouvelle marque que le large pansement en travers de son dos me permet de qualifier d’incontestablement importante ; il m’interdit néanmoins de procéder à la moindre description de la blessure, aussi ce point souffrira-t-il d’une inconnue.]

Son extériorité première ne suggère aucune capacité physique au-dessus de la normale -quand bien même l’homme se révèle en réalité d’une efficacité létale en la matière si on en croit ses états de service- : un mètre quatre-vingt pas des plus inhabituels pour les individus masculins de nos jours, une silhouette longiligne ne souffrant ni de maigreur, ni de protubérances induisant un excédent de matière grasse, une carrure pas éminemment robuste mais suffisamment présente pour inciter à la prudence. Anatomiquement parlant, l’Agent 000 est une merveille de standardisation : le respect des proportions s’adapte aux lignes fermes et solides de ses muscles de façon remarquable, et lui permet donc très certainement d’exploiter au maximum cette faculté tellement prisée de pouvoir se glisser dans n’importe quel ensemble vestimentaire sans se soucier d’avoir à y apporter un quelconque ajustement. Sa musculature, bien qu’indéniablement développée, indique un entraînement physique intensif et régulier quoique loin d’être excessif, même si personne ne devinerait au premier regard la présence de pectoraux et abdominaux aussi nettement définis sous ses allures d’une normalité régalienne. L’homme n’a strictement rien de ces archétypes expressément bodybuildés, il n’y a aucun doute à avoir à ce sujet. Concernant son endurance, sa souplesse, ses réflexes, ou encore la maîtrise de ses réactions et de son corps, le mot d’ordre serait proche de « parfaits ». Si ses attitudes, ses gestes ou encore ses déplacements pouvaient s’offrir le luxe de pouvoir transpirer, leurs pores suinteraient de cette furtivité redoutablement élégante si caractéristique des grands prédateurs friands de camouflage et de stratégies subtilement élaborées. L’individu adapte les signaux de son corps avec une aisance presque métabolique, à tel point que Darwin lui-même le consacrerait scientifiquement comme la preuve vivante que l’adaptation est la fin de toute existence vouée à une survie prolongée.

L’Agent 000 arbore une chevelure noire lisse aux reflets légèrement bleutés qui semble naturelle, et ses longues mèches en dégradé caressent ses clavicules et ses omoplates à chaque mouvement de balancier ; une frange maladroite désordonnée et légèrement trop longue se fond avec épaisseur dans ce portrait pas moins empreint de lividité. L’irritante tignasse masque en partie de grands yeux vert givre aux longs cils efféminés, ceux-ci soulignant avec un contraste particulièrement marqué cette lueur niaisement cristalline qui semble pourtant vous transpercer avec une terrassante implacabilité. Et terriblement déstabilisante. L’être possède cette aptitude à faire transparaître d’un seul regard l’impression qu’il en sait plus que vous, que quand bien même vous n’avez aucune raison de douter, il a découvert une chose, une toute petite chose de plus, presque insignifiante, mais plus cruciale à elle seule que tout ce que vous pouvez bien avoir en votre possession. Sans compter, pour parachever le déplaisant sentiment, que vous avez l’insupportable conviction qu’il n’hésitera pas un seul instant à s’en servir contre vous si besoin est.

Il s’agit là d’un de ses seuls signaux témoignant de sa réelle dangerosité ; ses connaissances d’un niveau supérieur en arts martiaux de toutes sortes, son aisance viscérale avec presque toutes les armes connues, ou encore sa capacité à dévier mortellement la fin du plus anodin des objets ne sont que les lignes principales du CV.
Et malgré la séduction qui pourrait résulter de cette attirance malsaine presque magnétique qu’ont les gens envers le danger, il fait partie de ces individus qui n’interpellent en nous que cette familiarité fugace mais auxquels on n’accorde que l’instant de cette attention inopinée.

Homo omini lupus. C’est là tout ce que j’ai à ajouter.



250 Mots.


300 Mots.








Ça dépend de ce que Mexalom dit de moi. Et après, pour la réciproque, on verra.


Je suis contre le manichéisme.


Et contre les imbéciles qui posent des questions sans réfléchir à leurs conséquences. Merci d'alimenter l'inimitié internationale, abruti congénital.



Votre pseudo : Skyaraneth. Sky pour les intimes.
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Comment avez-vous connu le forum ? : Secret classé Défense.
Un petit mot pour nous ? Il est bien le règlement? : Seulement UN petit mot ? Peur des beaux-parleurs ? Et on vous a déjà dit que vos questions n'avaient pas de suite logique ? Et...
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